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Passé viticole | Edité le 17/07/2023 22:32 par LUIS FERREIRA |
Difficile à imaginer aujourd'hui, mais les vins de la vallée de Montmorency furent autrefois des breuvages réputés. Ce passé glorieux souvent méconnu a été retracé dans une exposition intitulée "Deuil et la Vallée de Montmorency : un vignoble oublié ", concue par l'association pour l'histoire et le patrimoine de Deuil-la-Barre au musée d'histoire local Michel Bourlet. « Nous voulions rappeler que c'était une culture extrêmement importante pendant des siècles et des siècles , explique Alain Chabanel, président de l'association et adjoint au maire. L'exposition retrace notamment l'arrivée des vignes sur le territoire. Celles-ci bénéficiaient de conditions favorables, avec des sols bien drainés sur tous les coteaux de la vallée, qui constitue un vaste corridor, et un climat plus propice que dans d'autres régions (avec moins de gelées qu'en Champagne ou dans l'Orléanais, par exemple). Autre facteur important : la proximité avec la forêt de Montmorency et la présence en masse de châtaigniers, pour fabriquer des échalas, des tonneaux et des chariots. à l'époque, ce sont surtout les abbayes qui favorisent la culture du vin, utilisé comme boisson pour les moines et surtout les hôtes. Ici, c'est l'abbaye de Saint-Denis qui participe à l'arrivée des vignes, au VIIe siècle. Au Moyen-âge, les vins locaux ont fort belle réputation. Ainsi, un poème de 1124 intitulé « la bataille des vins », qui met en scène le roi Philippe-Auguste convoquant les vins du royaume à un grand tournoi, cite Deuil et Montmorency parmi les meilleurs crus. Il s'agit essentiellement de blanc, à base de Pinot-Chardonnay. Avant la fin du Moyen âge, des vignerons indépendants commencent à cultiver des vignes, sur des terres louées à des seigneurs. Ils doivent répondre à une demande de plus en plus importante, notamment de Paris, puisque le vin autrefois réservé à une élite se popularise. AU XVIIIe, l'Ile-de-France compte le plus grand vignoble Mais ce succès provoque les convoitises, et, à partir du XVIIe siècle, les exploitants commencent à faire des erreurs. Ainsi, on remplace le pinot par du gamay, pour améliorer et passer par exemple de 20 hectolitres à l'hectare à 100 hectolitres à l'hectare. A partir des XVIIe et XVIIIe siècles, on commence également à délaisser la vigne pour planter des arbres, culture qui demande moins de travail et promet des rendements plus importants. à la veille de la révolution, le vignoble d'Ile-de-France est tout de même le plus grand de France, avec 25 000 ha de vignes. Rien qu'à Deuil, on compte plus de 150 ha de vignes, sur les 446 ha du territoire communal. Le vin restera longtemps ancré dans la vie locale, comme en témoigne une photo d'un ancien café nommé « au vrai vigneron », situé sous l'actuel autopont de la D 928, et dans lequel on venait boire le Picolo de Deuil. Avec la Première Guerre mondiale, la fin de la tradition viticole Mais la vigne va disparaître progressivement pour plusieurs raisons. En premier lieu l'arrivée du chemin de fer, qui amène la concurrence des vins du sud de la France, moins chers. Les maladies comme l'Oidium, à partir de 1849, puis le mildiou en 1882, font des ravages. à Deuil, la part des vignes dans la superficie totale de la commune passe ainsi de 34,7 % en 1786 à 13,6 % en 1899. En 1900, on recense encore 60 ha de vigne. Mais la Première Guerre mondiale apportera le coup de grâce et mettra un terme à « une aventure de 13 à 14 siècles complètement oubliée », selon Alain Chabanel. « Beaucoup de personnes qui habitent ici ne savent pas qu'ils vivent sur d'anciennes vignes », souffle l'historien. |